Transition énergétique ou transition existentialiste ?
José Claurint
5 décembre 2025

On nous parle de transition énergétique comme s'il s'agissait d'un simple changement technique. Comme si remplacer le pétrole par le solaire était aussi simple que changer de voiture. Mais c'est bien plus profond que ça : c'est une remise en question de notre façon d'exister.
Je me souviens de cette conversation avec un ami, il y a quelques mois. Il venait d'installer une pompe à chaleur, des panneaux solaires, une voiture électrique. "Je suis passé à 100% renouvelable", m'annonçait-il avec fierté. Et moi, je le regardais, ce nouvel apôtre de l'écologie, et je me demandais : mais est-ce que ça change vraiment quelque chose à sa façon de vivre ?
La technique ne suffit pas
Parce que voilà le problème : on peut changer toutes les technologies qu'on veut, si on ne change pas notre rapport au monde, à la consommation, à l'existence même, ça ne sert à rien. C'est comme repeindre les murs d'une maison qui s'effondre. Ça fait joli, mais ça ne résout pas le problème de fond.
La transition énergétique, la vraie, elle ne se fera pas avec des panneaux solaires et des voitures électriques. Elle se fera quand on acceptera de vivre autrement. De consommer moins. De voyager moins. De posséder moins. Mais ça, personne ne veut l'entendre. On préfère croire aux solutions techniques, aux gadgets qui nous sauveront sans qu'on ait à renoncer à quoi que ce soit.
L'angoisse existentielle de l'écologie
Il y a quelque chose de profondément angoissant dans cette transition énergétique. Pas seulement parce qu'elle nous oblige à changer, mais parce qu'elle révèle notre impuissance. On se rend compte qu'on ne contrôle rien, qu'on est à la merci de forces qui nous dépassent. Le climat, les ressources, l'avenir de la planète. Tout ça nous échappe.
Et cette angoisse, on essaie de la combattre avec des solutions techniques. Des panneaux solaires, des éoliennes, des voitures électriques. Comme si la technologie pouvait nous sauver de notre condition humaine. Comme si on pouvait échapper à notre finitude en changeant de source d'énergie.
La provocation nécessaire
Je vais être provocateur : la transition énergétique, telle qu'on nous la vend, c'est une escroquerie. Une façon de nous faire croire qu'on peut continuer à vivre comme avant, juste en changeant de technologie. C'est du greenwashing existentiel. On nous vend une solution technique à un problème philosophique.
Le vrai défi, ce n'est pas de produire de l'énergie propre. C'est de consommer moins. De vivre autrement. De renoncer à certains conforts, à certaines libertés. Mais ça, personne ne veut l'entendre. On préfère croire aux miracles technologiques.
La mélancolie de l'avenir
Il y a quelque chose de profondément mélancolique dans cette époque. On sait qu'il faut changer, mais on ne veut pas. On sait qu'on doit renoncer, mais on s'accroche à nos habitudes. On sait que l'avenir sera différent, mais on refuse de l'accepter.
Et pendant ce temps, la planète continue de se réchauffer, les ressources continuent de s'épuiser, l'avenir continue de se rétrécir. Et nous, on continue à installer des panneaux solaires, à acheter des voitures électriques, à croire qu'on peut sauver le monde sans changer le nôtre.
L'authenticité de la remise en question
Je ne prétends pas avoir la solution. Je ne prétends pas savoir comment faire cette transition. Mais je sais une chose : elle ne se fera pas sans une remise en question profonde de notre façon d'exister. Sans accepter de vivre autrement. Sans renoncer à certains conforts.
Et cette remise en question, elle fait peur. Elle nous confronte à notre finitude, à notre impuissance, à notre condition humaine. Mais c'est peut-être là qu'il faut commencer. Par accepter qu'on ne peut pas tout contrôler, qu'on ne peut pas tout sauver, qu'on ne peut pas continuer comme avant.
La transition énergétique, la vraie, elle commence par là : par accepter qu'on doit changer, qu'on doit renoncer, qu'on doit vivre autrement. Et ça, c'est bien plus difficile que d'installer des panneaux solaires.