Panneaux solaires : l'illusion verte ou la vraie révolution ?
José Claurint
1 décembre 2025

J'ai installé des panneaux solaires sur mon toit l'été dernier. Depuis, je me demande si j'ai vraiment sauvé la planète ou si je me suis simplement acheté une bonne conscience à crédit.
Le commercial était convaincant, je dois l'avouer. Il avait ce sourire de ceux qui vendent du rêve écologique avec des mensualités. "Vous allez réduire votre empreinte carbone de 80%", m'assurait-il, tandis que je signais un contrat de vingt ans. Vingt ans. Le temps qu'il faut à un enfant pour devenir adulte, à un couple pour se séparer, à une révolution pour devenir routine.
La promesse et la réalité
Les premiers mois, j'étais comme un enfant avec un nouveau jouet. Je vérifiais l'application sur mon téléphone toutes les heures, scrutant ces courbes qui montaient et descendaient selon l'humeur du ciel. "Regarde, chérie, on a produit 12 kilowatts aujourd'hui !" Ma compagne hochait la tête avec cette patience réservée aux obsessions masculines. Elle avait raison de se méfier.
Parce que voilà le problème : ces panneaux solaires, ils brillent sur mon toit comme des promesses, mais ils ne m'ont pas rendu plus écologique. Ils m'ont juste rendu plus conscient de ma consommation. Et cette conscience, elle fait mal. Elle révèle toutes mes contradictions.
La vérité qui dérange
Je consomme toujours autant. Peut-être même plus, maintenant que je me dis que "c'est propre". Le lave-vaisselle tourne plus souvent, les lumières restent allumées plus longtemps. J'ai transformé ma production d'énergie en excuse pour consommer davantage. C'est ça, le piège de la transition énergétique version marketing : on nous vend une solution technique à un problème existentiel.
Et pendant ce temps, ces panneaux ont été fabriqués en Chine, transportés en cargo, installés par une équipe qui venait de loin en camionnette diesel. Combien de tonnes de CO₂ avant même que le premier watt ne soit produit ? Personne ne me l'a dit. Le commercial avait oublié ce détail dans son discours bien rodé.
L'autofiction de l'écologie
Je me regarde parfois dans le miroir et je me demande : suis-je vraiment en train de sauver la planète, ou suis-je simplement en train de me raconter une belle histoire ? Une autofiction écologique où je joue le rôle du héros vert, alors que je continue à vivre comme avant, juste avec des panneaux sur le toit.
La transition énergétique, la vraie, elle ne se fera pas avec des panneaux solaires. Elle se fera quand on acceptera de consommer moins, de vivre autrement, de renoncer à certains conforts. Mais ça, personne ne veut l'entendre. On préfère croire aux solutions magiques, aux technologies qui nous sauveront sans qu'on ait à changer.
La mélancolie du solaire
Il y a quelque chose de profondément mélancolique dans ces panneaux solaires. Ils brillent au soleil, ils produisent de l'énergie propre, mais ils ne changent rien à l'essentiel. Ils sont là, silencieux sur mon toit, témoins de mes contradictions et de mes illusions.
Peut-être que dans vingt ans, quand le contrat sera terminé, je regarderai ces panneaux avec nostalgie. Peut-être que je me souviendrai de cette époque où on croyait encore que la technologie nous sauverait. Ou peut-être que je les regarderai avec lucidité, en me disant qu'on a essayé, qu'on a fait de notre mieux, même si ce n'était pas suffisant.
En attendant, ils brillent toujours sur mon toit. Et moi, je continue à vérifier l'application, à me réjouir de chaque kilowatt produit, tout en sachant au fond de moi que ce n'est qu'une illusion verte. Une belle illusion, certes, mais une illusion quand même.